Les élèves de Spa à un procès d’assises

Ce lundi 20 février 2017, c’est à potron-minet que les latinistes de 5e et 6e année ont du se lever pour se rendre à la cour d’assises de Liège. C’est que les places coûtent cher et qu’il faut jouer des coudes pour y assister ! En effet, le procès d’Amédeo Troiano, accusé d’avoir tué un couple de banquier et un enfant de 9 ans, est considéré par la presse comme le plus médiatique de l’année. Pour cette raison, la salle est tous les jours pleine et de nombreuses écoles viennent y assister.

(photo de la Meuse)

À l’ouverture des portes, nous entrons donc dans la salle qui impressionne. L’audience commence par l’audition de trois témoins de dernière minute, qui dure un peu moins d’une heure et demie. Il s’ensuit une suspension d’audience suite au dépôt des conclusions de la défense concernant les délibérations. Puis c’est enfin le moment que nous attendons tous : les plaidoiries, pour une durée totale de 12h (5h30 pour les parties civiles, 2h45 pour le réquisitoire de l’avocat général et 4h30 pour les avocats de la défense). Ce sont les parties civiles qui commencent : l’avocate qui représente la famille de Benoit Philippens débute sa plaidoirie en rappelant les tragiques évènements. Elle conseille à de nombreuses reprises aux jurés « d’avoir un esprit critique », notamment face aux preuves. Elle démonte l’idée des avocats selon laquelle l’enquête a été bâclée. Bien au contraire, plusieurs personnes ont été suspectées puis écartées. Elle salue le courage des parties civiles et lit quelques extraits émouvants de lettres écrites par les membres de la famille Philippens (le papa, la maman, les neveux). Au terme de près de 2h de discours, elle demande aux jurés de rendre la justice.

Après cette première plaidoirie, le Président Gorlé annonce une suspension d’audience. Nous quittons donc la cour d’assises et en profitons pour manger. À 14h, les débats reprennent. La parole est à Maître Lemmens, avocat de la famille de Carol Haid. Il faut bien le reconnaître, cet homme connaît son métier. Nous sommes littéralement suspendus à ses lèvres. Il se concentre particulièrement sur les mensonges d’Amédeo Troiano et ce, dès son premier interrogatoire et il y en a un paquet ! Il s’adresse à plusieurs reprises à l’accusé, mais celui-ci ne montre aucune réaction… Me Lemmens parle de « bal des menteurs » et souligne le travail des enquêteurs, qui ont persévéré dans leurs investigations.

Il s’interrompt le temps de laisser une consœur faire la synthèse de l’expertise psychologique de l’accusé suite des différents entretient. Le portrait est accablant, l’accusé étant décrit comme une personne capable d’acte de violence envers autrui… Me Lemmens reprend alors la parole pour prouver aux jurés que s’il n’y a pas de preuves directes, il y a un faisceau de présomptions graves, précises et concordantes. Il en cite neuf. Pour lui, il ne fait aucun doute qu’Amédeo Troiano est coupable des faits dont il est accusé…

Après cette plaidoirie brillante, une petite pause de 15 minutes, histoire de laisser les jurés souffler un peu. C’est alors à l’avocat représentant la banque de prendre la parole. Celui-ci rappelle les faits liés à la banque, notamment le refus d’obtention de prêt. Il souligne que le couple Troiano a fait preuve de négligence en engageant des frais considérables (plus de 100.000€) alors que le refus leur avait clairement été notifié. Il n’hésite pas en traiter l’accusé de « looser », ce qui nous fait sourire. Il termine sa plaidoirie en ajoutant 2 nouvelles présomptions graves, précises et concordantes à celles déjà évoquées par Me Lemmens.

Quand il achève sa plaidoirie, il est 16h15 et nous décidons de nous éclipser discrètement de la salle. Cette journée nous a permis de voir en vrai le déroulement d’un procès d’assises, une expérience très enrichissante pour nous, aussi bien élèves que professeurs ! Un seul regret … Ne pas pouvoir assister à la suite des débats : le réquisitoire de l’avocat général et surtout les plaidoyers des avocats de la défense !

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